vendredi 18 octobre 2013

Conférence, débat et dédicaces à la librairie L'Age d'Homme à Paris

Lors des dédicaces
Une fois de plus, l'espace de la librairie L'Age d'Homme à Paris était complètement rempli ce samedi 12 octobre - une bonne cinquantaine de personnes - pour la présentation de mon livre, Prendre soin de l'autre - Une vision chrétienne de la communication (Cerf, 2012). Conférence, débat, dédicaces ont ponctué cette rencontre très bien préparée par la libraire, et traductrice, Zorica Terzic. Jean-François Colosimo, préfacier de mon ouvrage, n'ayant pu être présent, a néanmoins tenu à nous adresser un texte dans lequel il rend hommage au fondateur des éditions et de la librairie L'Age d'Homme, Vladimir Dimitrijevic, explique les raisons qui l'ont conduit à accepter de préfacer mon livre et donne une réflexion sur la communication et le christianisme à la lumière de récentes déclarations. Ce texte se trouve ici au format pdf et ci-dessous.

Chers amis,
        C’est à regret que je ne puis être des vôtres, ce soir, et j’en suis d’autant plus désolé que votre réunion se tient dans cette belle librairie, si parisienne et si internationale, où souffle l’esprit vivant de notre cher et regretté Vladimir. Lui-même n’a-t-il jamais cessé de penser que le livre était d’abord un apostolat ? Nous autres, éditeurs de profession mais aussi de conviction, avons tous été en quelque façon à son école. Celle de la quête passionnée du sens qui n’oublie jamais qu’elle s’accomplit dans la quête non moins passionnée du partage. Car communiquer, selon l’usage premier du mot en français  classique, signifie communier. 

    Cette certitude fonde le livre précurseur du père Christophe Levalois. Moi, qui fuie systématiquement ou presque l’exercice de préfacier, me suis rendu à son amicale insistance en me fendant d’un prélude à son ouvrage qui, pourtant, n’en avait pas besoin. Pourquoi ? Parce que le sujet relevait d’un authentique souci contemporain, voire participait de l’air du temps et qu’il y allait d’un événement qu’un orthodoxe délaisse d’éternelles contemplations pour se pencher sur les grandeurs et misères, les défis en fait et en somme, d’un siècle de mutation où la figure de l’homme se joue à l’aune d’un village devenu planétaire et soumis à l’information instantanée ? Pas exactement ou pas seulement. Un autre impératif me taraudait.

    Pour le comprendre, tournons-nous vers la déclaration récente du Cardinal Ravasi, le « ministre de la Culture » du Vatican, soulignant que le Christ avait utilisé Twitter avant la lettre par son recours intensif à de brèves formules percutantes aptes à circuler jusqu’aux confins du monde. Il s’agissait bien entendu d’une boutade, c’est-à-dire d’un propos au caractère provocateur qui se révèle néanmoins d’une plus grande profondeur, en raison de sa paradoxale gratuité, que n’importe quelle proposition sérieuse et appliquée. Mais cette boutade éclaire une interrogation qui traverse les milieux chrétiens et par-delà : le pape François procède-t-il à un changement de fond ou de forme ? A une opération de redéfinition ou de communication ? Les réponses des uns et des autres m’importent peu, tant elles ne font qu’indiquer les préjugés idéologiques des uns et  des autres, progressistes ici, conservateurs là. Tâchons plutôt de lier ce qui se passe sous nos yeux, et parvient à nos oreilles, à la notion de mystère. Mais lequel ? Celui du salut. Ou, si l’on préfère de la priorité absolue de l’autre qui a pour nom le prochain. C’est cette priorité, et rien de plus, rien de moins, que le pape François place au sein de son annonce de l’Évangile. Ce qu’il dit lui- même être la nécessité de l’accompagnement d’êtres réels et qui sont images de Dieu non pas en dépit, mais grâce à cette réalité incarnée, fût-ce l’image en eux devoir être blessée. Et parce que blessée, en attente de l’unique vrai thérapeute, de celui qui volontairement, en tant qu’Incarnation du Verbe, a tout anticipé de leur détresse, de leur malheur, et de leur irréductible espérance d’enfin le rencontrer.  

     La communication ne se distingue pas alors de la sotériologie, cet axe essentiel de la doctrine que les séminaires rabotent trop souvent en théologie pastorale. C’est ce que le père Christophe Levalois a compris. C’est ce qu’il désigne lui-même comme « prendre soin de l’autre ». Le mot peut tuer, mais il peut aussi guérir. C’est ce sur quoi il est bon de l’écouter ce soir, sans plus tarder, en lui laissant, à tous les sens, la parole.
Jean-François Colosimo, le 12 octobre 2013

Lors de la partie conférence